Les Berimbaus de la Capoeira :
Harmonie, Rythme et Tradition
Le Berimbau, instrument emblématique de la Capoeira, orchestre le rythme et le style de jeu au sein de la roda, l’arène où les capoeiristes se rencontrent. Cet instrument unique se compose d’un arc, nommé « verga », fabriqué en bois dur, auquel est tendu un fil d’acier, ou « arame », généralement récupéré d’un vieux pneu. Pour générer son son résonnant distinctif, le berimbau est équipé d’une caisse de résonance attachée à sa base. Cette dernière, couramment fabriquée à partir d’une calebasse séchée, est appelée « cabaça », jouant un rôle crucial dans l’amplification des vibrations musicales du berimbau. Accompagné d’un caxixi (un panier avec des graines à l’intérieur), et d’une baguette d’environ 35 cm, la « baqueta », le berimbau prend vie sous les coups précis de l’instrumentiste. Le son caractéristique de l’instrument est modulé par la pression d’un « dobrão », une pièce de monnaie ou un disque métallique, contre l’arame, permettant à l’artiste de créer une variété de tons et de mélodies.
Au-delà de sa fonction musicale, le berimbau guide spirituellement et tactiquement les capoeiristes, dictant le rythme du jeu, les mouvements à exécuter, et l’intensité de l’affrontement. Son jeu invite à l’expression corporelle libre et à la conversation rythmique entre les joueurs, établissant une connexion profonde entre la musique, le mouvement, et l’âme de la Capoeira.
Chaque rythme joué sur le berimbau a un nom et un contexte spécifique, allant de l’appel à la concentration avant le combat, à l’invitation à un jeu plus acrobatique ou stratégique. Ces rythmes sont une langue en eux-mêmes, une communication non verbale qui transmet les principes et l’histoire de la Capoeira, faisant du berimbau bien plus qu’un simple instrument musical : c’est le cœur battant de la Capoeira.
Les 3 types de berimbau
Le Berimbau Gunga occupe une place de choix dans l’ensemble musical qui accompagne la roda de Capoeira, se distinguant par son ton le plus grave parmi les trois berimbaus traditionnellement utilisés dans l’art. En raison de sa calebasse plus grande, le Gunga produit des sons profonds et résonnants qui servent de fondation rythmique durant les sessions de Capoeira. En tant que berimbau principal, le Gunga est souvent joué par le maître ou l’instructeur le plus expérimenté, guidant le tempo et l’intensité du jeu dans la roda.
Le rôle du Gunga est essentiel non seulement dans la régulation du rythme mais aussi dans la communication des commandes et des changements de dynamique au sein du cercle. Ses notes basses et pénétrantes commandent le respect et attirent l’attention, établissant une connexion profonde entre les capoeiristes, la musique et la danse.
Le Berimbau Medio, tenant une place centrale entre le Gunga et le Viola dans l’orchestre de la Capoeira, joue un rôle crucial dans l’équilibre et l’harmonie de la roda. Le rôle du Médio est d’accompagner et de compléter le rythme imposé par le Gunga, tout en laissant de l’espace pour les improvisations mélodiques du Viola. Cette interaction subtile entre les trois berimbaus crée une expérience musicale riche et profonde, reflétant la complexité et la diversité des échanges au sein de la roda. Le Médio, par sa position intermédiaire, contribue à l’équilibre général de la performance, facilitant une transition fluide entre les différents rythmes et intensités de jeu, et permettant aux capoeiristes de s’adapter et de réagir à la musique avec agilité et expressivité.
Le Berimbau Viola, pour sa part, charme la roda de Capoeira avec ses mélodies aiguës et ses rythmes rapides. Moins volumineux que le Gunga et le Médio, la Viola se fait remarquer par ses variations mélodiques et son timbre distinctif qui enrichissent la dynamique de la musique. Instrument du virtuose, il demande une grande habileté pour exploiter son potentiel expressif, introduisant des nuances qui stimulent l’énergie des participants.