La capoeira, cet art martial afro-brésilien qui combine danse, acrobaties et musique, puise sa richesse et sa singularité dans ses éléments culturels. Parmi eux, le berimbau se distingue comme l’instrument central de la ronde de capoeira, imposant le rythme, le tempo et l’ambiance de chaque jeu. Cet article explore l’histoire, la structure, les techniques et l’importance du berimbau dans la capoeira.
Histoire du berimbau
Le berimbau trouve ses origines en Afrique, plus précisément parmi les peuples bantous. Introduit au Brésil par les esclaves africains, il a été adopté et adapté dans la culture capoeira. Cet instrument symbolise la résistance et la résilience des esclaves qui utilisaient la musique et la danse comme moyens de préservation de leur identité et de leur culture.
Structure et fabrication
Le berimbau est un instrument à une corde, composé de trois parties principales :
1.Verga : une longue tige en bois flexible, généralement en biriba ou en pau d’arco, mesurant environ 1,5 à 1,8 mètres.
2.Arame : une corde métallique, souvent issue du fil d’acier de pneus, tendue le long de la verga.
3.Cabaça : une calebasse coupée en deux et séchée, fixée à la verga à l’aide d’une cordelette, agissant comme une caisse de résonance.
À ces éléments s’ajoutent le dobrao (une pièce métallique ou une pierre plate) et le baqueta (une baguette en bois), utilisés pour jouer l’instrument, ainsi que le caxixi, un petit hochet en osier rempli de graines, tenu dans la même main que la baqueta.
Techniques de jeu
Le berimbau se joue en frappant l’arame avec la baqueta tout en modifiant la tension de la corde à l’aide du dobrao et en manipulant la cabaça contre le ventre pour varier les sons. Il existe trois principaux types de berimbaus, chacun produisant un son distinct :
1.Gunga : le plus grand et le plus grave, il établit le rythme de base.
2.Médio : de taille intermédiaire, il enrichit et soutient le rythme.
3.Viola : le plus petit et le plus aigu, il ajoute des variations et des improvisations.
Rôle dans la ronde de capoeira
Dans la ronde de capoeira, le berimbau est le maître de cérémonie. Il dicte le rythme et l’intensité du jeu, influençant la manière dont les capoeiristes interagissent. Les différents toques (rythmes) du berimbau signalent aux joueurs le style et la vitesse du jeu. Par exemple :
•Angola : un rythme lent et stratégique, favorisant les mouvements bas et lents.
•São Bento Grande : un rythme rapide et dynamique, encourageant les mouvements acrobatiques et les coups rapides.
•Iuna : un rythme utilisé par les capoeiristes plus expérimentés, symbolisant la virtuosité et le respect.
Importance culturelle et symbolique
Le berimbau ne se contente pas de rythmer la capoeira ; il est également porteur de significations profondes. Il symbolise la connexion entre les capoeiristes et leurs ancêtres, rappelant les luttes et les triomphes des esclaves africains. En jouant du berimbau, les musiciens et les capoeiristes honorent cette histoire et perpétuent une tradition culturelle riche.
Conclusion
Le berimbau, avec sa simplicité apparente et sa complexité sonore, est indéniablement le maître de la ronde de capoeira. Il incarne l’âme et l’esprit de la capoeira, guidant les mouvements et les interactions des joueurs, tout en racontant une histoire de résistance et de résilience. Apprendre à jouer du berimbau, c’est non seulement maîtriser un instrument, mais aussi s’immerger dans une tradition culturelle profonde et vibrante.